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Interview de Çağıl Cansu Şanlıdağ

Dans le cadre du concert ori­gi­nal “Pia­no & Cho­co­lat” orga­ni­sé par la Com­pa­gnie Arti­choke le 23 mai pro­chain au Square Larousse, nous avons posé quelques ques­tions à la pia­niste Çağıl Can­su Şanlı­dağ afin d’en savoir plus sur ce pro­jet unique alliant musique roman­tique et dégus­ta­tion cho­co­la­tée.

Cie Arti­choke : Com­ment est née cette idée sin­gu­lière de faire dia­lo­guer pia­no et cho­co­lat dans un même concert ?

Une mélo­die peut nous faire voya­ger, réveiller des sou­ve­nirs enfouis, ou nous replon­ger en enfance. J’ai eu envie de pous­ser cette expé­rience encore plus loin, en y ajou­tant une autre dimen­sion sen­so­rielle : le goût.

J’ai ensuite par­lé de cette idée avec le cho­co­la­tier Tho­mas Genon­ceaux, et ensemble nous avons construit le pro­jet, en pen­sant chaque détail pour que le dia­logue entre le pia­no et le cho­co­lat soit aus­si har­mo­nieux que pos­sible.

Avez-vous col­la­bo­ré direc­te­ment avec le cho­co­la­tier pour faire cor­res­pondre chaque pièce musi­cale à une saveur ? Com­ment s’est pas­sé ce pro­ces­sus ?

J’ai d’abord choi­si les pièces musi­cales, puis je les ai jouées pour lui. Ce qui était mer­veilleux, c’est que Tho­mas est aus­si musi­cien ama­teur — il a tout de suite com­pris les atmo­sphères, les élans, les émo­tions que chaque œuvre por­tait. À par­tir de là, il a ima­gi­né des saveurs qui ne se contentent pas d’accompagner la musique, mais qui pro­longent son effet, par­fois en sou­li­gnant une ten­dresse, par­fois en accen­tuant une ten­sion ou un mys­tère. C’était un véri­table échange artis­tique, très fluide et ins­pi­rant.

Pour­quoi avoir choi­si des œuvres de Brahms et Schar­wen­ka pour ce pro­gramme ? Que vous évoquent-elles per­son­nel­le­ment ?

Schar­wen­ka occupe une place par­ti­cu­lière dans mon par­cours : c’est avec sa musique que j’ai enre­gis­tré mon tout pre­mier album. Elle me touche pro­fon­dé­ment — tout comme celle de Brahms. Chez les deux, il y a cette inten­si­té émo­tion­nelle, ce lan­gage direct qui passe par le cœur avant même de pas­ser par la rai­son. Leur musique est vibrante, sin­cère, pleine de contrastes.

Il y a aus­si un vrai lien artis­tique entre eux, dans la richesse har­mo­nique, le lyrisme, l’énergie ryth­mique. C’est ce qui m’a don­né envie de les faire dia­lo­guer dans ce pro­gramme. Et pour pro­lon­ger ce voyage émo­tion­nel, il y aura même une petite sur­prise au pro­gramme du concert… mais je n’en dis pas plus !

Pour­quoi avoir choi­si un com­po­si­teur si peu connu, à savoir Schar­wen­ka ?

Ma décou­verte de Phi­lipp Schar­wen­ka est liée à un par­cours un peu inat­ten­du… qui com­mence avec Eugène Ysaÿe. J’ai eu la chance de par­ti­ci­per à un pro­jet autour d’un Poème concer­tant récem­ment redé­cou­vert, une œuvre magni­fique qu’on a pu jouer et enre­gis­trer avec le vio­lo­niste Phi­lippe Graf­fin. Ce poème avait été édi­té par le musi­co­logue Xavier Falques, dont le tra­vail a été abso­lu­ment déter­mi­nant. L’œuvre était dédiée à Irma Sethe — une per­son­na­li­té oubliée, mais fas­ci­nante — et c’est grâce aux recherches appro­fon­dies de la musi­co­logue Marie Cor­naz que nous avons décou­vert qui elle était. Son his­toire, sa place dans le pay­sage musi­cal de son époque nous ont tel­le­ment tou­chés que nous avons eu envie de lui rendre hom­mage à tra­vers un concert à la Biblio­thèque royale de Bel­gique (KBR).

C’est dans ce contexte, en consul­tant les par­ti­tions qui lui avaient été dédiées, que je suis tom­bé sur une Sonate de Phi­lipp Schar­wen­ka, éga­le­ment écrite pour elle. La décou­verte de cette pièce a été un vrai choc musi­cal — et c’est à par­tir de ce moment-là que mon explo­ra­tion de son œuvre a véri­ta­ble­ment com­men­cé.

Avez-vous une pièce « coup de cœur » dans le pro­gramme du 23 mai que vous avez hâte de par­ta­ger avec le public ? Pour­quoi celle-là ?

C’est une ques­tion dif­fi­cile, car chaque pièce du pro­gramme me touche à sa manière. Mais si je devais vrai­ment en choi­sir une, ce serait celle qui, au moment du concert, réson­ne­rait par­ti­cu­liè­re­ment en moi. La musique a cette capa­ci­té de nous tou­cher dif­fé­rem­ment à chaque ins­tant, et j’ai hâte de par­ta­ger celle qui, dans ce contexte pré­cis, per­met­tra de vivre plei­ne­ment l’instant avec le public. Chaque œuvre est une expé­rience unique, et je suis impa­tiente de voir com­ment la musique et le cho­co­lat se mêle­ront pour créer quelque chose de vrai­ment spé­cial.

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