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Comment créer pour le jeune public ?

Inter­view de Sophie van der Ste­gen à pro­pos de “Debus­sy & les Sirènes”

Ce nou­veau spec­tacle, Debus­sy & les Sirènes, est issu d’un par­cours de work­shops menés avec Sarah Lau­lan à la Cha­pelle Musi­cale. Quels étaient les enjeux de ce cycle de for­ma­tion-créa­tion ?
Sophie van der Ste­gen : Ce cycle est né d’un désir simple : inter­ro­ger notre manière de nous adres­ser au jeune public. C’est la Cha­pelle Musi­cale qui nous a posé cette ques­tion, et nous a pro­po­sé de la déve­lop­per pour les chan­teuses du dépar­te­ment Voice. Com­ment par­ler aux enfants sans leur expli­quer ? Com­ment trans­mettre sans didac­tisme ? Nous avons tra­vaillé avec les chan­teurs et chan­teuses du dépar­te­ment Voice sur la dra­ma­tur­gie, l’improvisation, la nar­ra­tion et la mise en jeu du réper­toire clas­sique. L’idée était de décons­truire joyeu­se­ment des œuvres de Bern­stein, Bar­ber, Chaus­son et sur­tout Debus­sy, pour mieux les réin­ven­ter. La créa­ti­vi­té indi­vi­duelle y deve­nait le moteur d’un geste col­lec­tif.

Vous revi­si­tez le mythe de la petite sirène à tra­vers un spec­tacle qui mêle théâtre, chant lyrique et pia­no. Pour­quoi ce récit et qu’avez-vous vou­lu en faire ?
Nous vou­lions un conte fon­da­teur qui per­mette d’explorer les thèmes de la méta­mor­phose, de la perte et de la renais­sance. La sirène, figure oscil­lant entre Ander­sen, l’Odyssée, Rusal­ka et la Lore­lei, est un fil rouge idéal. Nous avons choi­si de frag­men­ter le conte : que signi­fie perdre sa voix quand on est chan­teuse ? Qu’est-ce qui rend la sor­cière cruelle ? Et que se passe-t-il si l’interprète du prince rêve en réa­li­té de jouer la sirène ? L’improvisation nous a per­mis d’ouvrir ces ques­tions, de jouer avec les codes et de détour­ner les rôles.

Votre approche repose beau­coup sur l’improvisation. Com­ment ce tra­vail a‑t-il façon­né la créa­tion ?
L’improvisation est deve­nue un labo­ra­toire : elle a fait émer­ger des situa­tions inat­ten­dues, des ten­sions nou­velles, des dia­logues que nous n’aurions jamais écrits à la table. Les chan­teuses ont pu explo­rer la fra­gi­li­té de la voix, la liber­té du mou­ve­ment, l’humour comme outil dra­ma­tur­gique. Le spec­tacle en porte la trace : il reste tra­ver­sé par un esprit d’expérimentation, une joie de cher­cher, de se trom­per, de recom­men­cer.

Debus­sy occupe une place par­ti­cu­lière dans Sirènes. Quelle rela­tion entre­te­nez-vous avec cette figure ?
Debus­sy nous offre un ima­gi­naire marin inépui­sable. Sa carte pos­tale depuis Dieppe, où il regrette que la mer soit « mal fré­quen­tée », nous amuse autant qu’elle nous touche. Dans le spec­tacle, nous jouons avec cette idée que la mer devrait n’appartenir qu’aux sirènes, et nous l’avons pro­lon­gée en inven­tant un épi­sode mécon­nu : la ren­contre fan­tas­mée du jeune Debus­sy avec une sirène rousse, qui aurait ins­pi­ré son goût pour les timbres mys­té­rieux. Sa pièce Sirènes est pour nous un écho direct : un chant qui tra­verse les vagues et se dérobe dès qu’on croit le tenir.

Le spec­tacle sera pré­sen­té à la Cha­pelle Musi­cale le 30 novembre et à Fla­gey le 6 décembre. Quel voyage sou­hai­tez-vous pro­po­ser au public ?
Nous vou­lons offrir une plon­gée sen­sible dans un mythe que cha­cun croit connaître. Un spec­tacle qui décloi­sonne la scène lyrique, mêle les arts, bous­cule les attentes. Un récit où la voix se perd, se trans­forme et se retrouve autre­ment. Plus qu’une his­toire, Sirènes est une expé­rience : un espace pour écou­ter, rêver et se lais­ser trans­por­ter par un chant qui passe, rit et dis­pa­raît.

Et Debussy dans tout ça ?

Voi­ci une carte pos­tale qu’é­cri­vit Debus­sy à son édi­teur, alors qu’il séjour­nait près de Dieppe, au Grand Hôtel Châ­teau de Puys, le 8 août 1906

Mon cher ami,

Me revoi­ci avec ma vieille amie la Mer ; elle est tou­jours innom­brable et belle. C’est vrai­ment la chose de nature qui vous remet le mieux en place. Seule­ment on ne res­pecte pas assez la Mer… Il ne devrait pas être pemis d’y trem­per des corps défor­més par la vie quo­ti­dienne ; mais vrai­ment tous ces bras, ces jambes qui s’a­gitent dans des rythmes ridi­cules, c’est à faire pleu­rer les pois­sons. Dans la Mer, il ne devrait y avoir que des Sirènes ; et com­ment vou­lez-vous que ces esti­mables per­sonnes consentent à reve­nir dans des eaux si mal fré­quen­tées ?

Don­nez-moi bien­tôt de vos bonnes nou­velles et croyez à ma vieille ami­tié.

Debus­sy com­po­sa une pièce sym­pho­nique en hom­mage aux sirènes, qu’il décri­vit comme ceci :
« C’est la mer et son rythme innom­brable, puis, par­mi les vagues argen­tées de lune, s’en­tend, rit et passe le chant mys­té­rieux des Sirènes. »

Contes de papier – Andersen à la pointe des ciseaux

Créé en 2021 par la Com­pa­gnie Arti­choke, Contes de papier est un spec­tacle poé­tique qui rend hom­mage à Hans Chris­tian Ander­sen et à son art mécon­nu du papier décou­pé. Mêlant musique, théâtre et marion­nettes, le spec­tacle explore les rêves, les ambi­tions et les fra­gi­li­tés humaines à tra­vers les contes intem­po­rels de l’écrivain danois.
À l’occasion d’une reprise du spec­tacle, Sophie van der Ste­gen, sa créa­trice, revient sur la genèse du pro­jet, les liens entre Ander­sen et les Schu­mann, et la por­tée pro­fon­dé­ment actuelle de ces récits de papier.

D’où est venue l’idée de Contes de papier ?

Sophie van der Ste­gen :
L’idée du spec­tacle est née de ma décou­verte de la pas­sion qu’avait Hans Chris­tian Ander­sen pour les papiers décou­pés — un aspect de son œuvre sou­vent mécon­nu. Ces décou­pages, loin d’être de simples passe-temps, fai­saient plei­ne­ment par­tie de sa démarche artis­tique. Ander­sen lui-même a expri­mé cette dimen­sion dans un poème :

Dans ses papiers décou­pés
Ander­sen a mis
Toute sa poé­sie ;
Joyeux méli-mélo
De formes et de cou­leurs
Au bout de ses ciseaux.

Chez lui, cet art du papier décou­pé, à la fois colo­ré, poé­tique et joyeux, est indis­so­ciable de son tra­vail d’écrivain et de poète. Envi­ron un mil­lier de ces œuvres sont encore conser­vées au musée d’Odense. Quand sur­gis­sait son ins­pi­ra­tion, Ander­sen s’asseyait par terre, ciseaux et papier dans les mains, entou­rés de quelques enfants qui devaient se tenir à une dis­tance pru­dente. Alors Ander­sen, qui depuis son enfance rêvait de deve­nir acteur, comé­dien ou chan­teur d’opéra, se sen­tait-il réel­le­ment dans son élé­ment. Sa façon de racon­ter était une per­for­mance théâ­trale en soi. Quand il com­men­çait à tour­ner les frag­ments colo­rés à la pointe de ses ciseaux, aucun des enfants qui l’entouraient ne savait ce qui allait sur­gir. Il aimait com­men­cer par une petite his­toire et impro­vi­sait un conte en rela­tion avec le thème de son décou­page.

Au moment de créer Contes de papier en 2021, j’ai eu la chance de col­la­bo­rer avec deux artistes découpeur·euses, Julie Michaud et Chris­tophe Moris­set, qui se sont ins­pi­rés des motifs d’Andersen pour ima­gi­ner la scé­no­gra­phie et les marion­nettes en papier du spec­tacle.


Pourquoi avoir choisi les contes d’Andersen en particulier ?

Sophie van der Ste­gen :
Ce qui fait la force et le génie des contes d’Ander­sen, c’est leur ambi­guï­té — cette richesse de sens et de lec­tures pos­sibles. Si je devais résu­mer le pro­pos du spec­tacle, je dirais qu’il aborde avant tout le thème de l’ambition, qu’elle soit artis­tique ou non. Ander­sen le ques­tionne sans cesse à tra­vers une gale­rie de per­son­nages pro­fon­dé­ment humains : le sol­dat de plomb, la boîte d’allumettes, la théière fêlée, la petite sirène ou encore le petit sapin.
Tous rêvent de gran­deur, d’un ailleurs inac­ces­sible, et s’y risquent mal­gré tout, avec cou­rage — par­fois au prix de leur vie. Contes de papier parle de ces rêves que l’on porte enfant et pose, en creux, une ques­tion aux adultes : qu’avez-vous fait de vos rêves d’enfance ?


Pourquoi avoir choisi la musique de Robert et Clara Schumann ?

Sophie van der Ste­gen :
Le lien entre Hans Chris­tian Ander­sen et les Schu­mann est à la fois his­to­rique et poé­tique. En 1837, le poète alle­mand Adel­bert von Cha­mis­so tra­dui­sit plu­sieurs poèmes d’Andersen en alle­mand. Séduit par ces textes, Robert Schu­mann en com­po­sa un cycle de Lie­der qu’il dédia à l’écrivain danois.
Quelques années plus tard, lors d’une tour­née à Copen­hague, Cla­ra Schu­mann ren­con­tra Ander­sen et l’invita à leur rendre visite en Alle­magne. En 1844, de pas­sage à Leip­zig, Ander­sen accep­ta cette invi­ta­tion : les Schu­mann orga­ni­sèrent alors une soi­rée musi­cale en son hon­neur. Cla­ra prit place au pia­no, tan­dis que la can­ta­trice Livia Frege inter­pré­ta les Lie­der ins­pi­rés de ses poèmes.
Ce moment d’échange entre la musique et la lit­té­ra­ture, entre l’Allemagne et le Dane­mark, m’a paru d’une grande beau­té. Il sym­bo­lise ce dia­logue intime entre la parole et le son, la poé­sie et la musique, que j’ai vou­lu faire revivre dans Contes de papier.

Quels sont les contes repris dans le spectacle ?

Sophie van der Ste­gen :
Contes de papier tisse un fil entre plu­sieurs récits d’Ander­sen, par­mi les­quels Le Vaillant sol­dat de plomb, Les Allu­mettes, L’Ombre, Le Mon­treur de marion­nettes, La Théière, La Petite Sirène, La Petite fille aux allu­mettes ou encore Le Lin.
Ces his­toires tra­duisent les dif­fi­cul­tés qu’Andersen a ren­con­trées pour affir­mer sa sin­gu­la­ri­té face aux normes de son temps, mais aus­si son désir de recon­nais­sance et la quête de sens qui tra­verse toute son œuvre.
Le spec­tacle aborde ain­si, avec humour et poé­sie, des thèmes uni­ver­sels et tou­jours actuels : l’ambition, la des­ti­née, la mobi­li­té sociale, le cycle de la vie… mais aus­si des ques­tions contem­po­raines comme l’écologie, le recy­clage ou même le…coro­na­vi­rus !
C’est un spec­tacle idéal pour la sai­son hiver­nale : l’hiver y règne en maître, mais le prin­temps, lui, n’est jamais bien loin. 🌸

L’heure exquise – quelques questions à Carole-Anne Roussel

Carole-Anne Rous­sel est une artiste que nous aimons beau­coup au sein de la Cie Arti­choke : elle a créé le rôle de la sopra­no dans les Contes de Papier, une créa­tion de 2021, à la Cha­pelle Musi­cale. Elle est d’ailleurs de retour en Bel­gique pour ce rôle, qu’elle inter­prè­te­ra lors de la reprise du spec­tacle, au fes­ti­val Dur­buys­si­mo, le 17 octobre (cli­quez ici pour réser­ver vos places) Mais avant cela, le 15 octobre, elle nous pro­pose un réci­tal entiè­re­ment chan­té en fran­çais, de mélo­dies fran­çaises mais également…québécoises. Nous l’a­vons inter­ro­gée à ce sujet.

Cie Arti­choke : Qu’est-ce que cette his­toire de com­po­si­teurs qué­bé­cois ? Leur réper­toire est plu­tôt mécon­nu en Europe… peux tu nous en racon­ter un peu plus ?

Carole-Anne Rous­sel : La musique du Qué­bec est abso­lu­ment incon­nue du monde de la musique clas­sique, et ce n’est pas seule­ment un fait pour l’Eu­rope, mais éga­le­ment pour le Cana­da. Les gens dans la rue ne connaissent rien de nos com­po­si­teurs majeurs, et c’est même le cas pour la majo­ri­té des musi­ciens clas­siques. Cette musique est très peu jouée. Des com­po­si­teurs sont nés chez nous et ont légué des oeuvres qui ne reçoivent que très peu de mise en valeur, chez nous comme ailleurs. J’ai­me­rais donc offrir à tra­vers ce réci­tal une vision plus grande de la mélo­die fran­çaise, en pas­sant pas d’autres ter­ri­toires que la France. Belles, curieuses, ou très simples, ces mélo­dies me font vibrer. Cela me fas­cine de savoir que ces gens qui ont vu les mêmes pay­sages que moi ont eu le cou­rage de mettre sur papier leur musique dans un Qué­bec où le savoir était qua­si inac­ces­sible.

Que signi­fie la Bel­gique pour toi ? 

Carole-Anne Rous­sel : Pour moi, la Bel­gique c’est un pays qui res­semble au mien. Je m’y sens dans ma deuxième terre natale, où les gens sont accueillants, bien­veillants et curieux et où j’ai tant appris sur ma voix et sur moi-même. Mon pre­mier exil de musi­cienne s’est fait ici, à la Cha­pelle musi­cale Reine Eli­sa­beth. C’est donc un lieu plein de sens, de décou­vertes et de bon­heur pour moi.

Quels sont tes pro­jets actuels, tes rêves, tes pro­chaines dates ? On veut tout savoir !

Carole-Anne Rous­sel : J’ai eu une année 2025 très char­gée jus­qu’à pré­sent, où j’ai fait au Qué­bec mes débuts dans les rôles de Don­na Anna dans Don Gio­van­ni et de Micaë­la dans Car­men, en plus de chan­ter avec dif­fé­rents orchestres une foule de nou­velles oeuvres. Le milieu musi­cal actuel est ardu, sur­tout pour les jeunes chan­teurs qui ne savent pas trou­ver faci­le­ment leur place dans les pro­gram­ma­tions des mai­sons d’o­pé­ra. Je me sou­haite donc de tenir bon, de conti­nuer de choi­sir ma voix jour après jour et d’a­voir le bon­heur de pour­suivre ce par­tage des plus grandes émo­tions humaines à tra­vers la voix et la beau­té.

👉🏻Pour réser­ver vos places de réci­tal, cli­quez ici

RESEO Conference 2025

Les 23 et 24 octobre, nous par­ti­ci­pons à la confé­rence 2025 orga­ni­sée par RESEO. RESEO est un réseau d’organisations et d’individus dédié à l’éducation, à la par­ti­ci­pa­tion et à la trans­for­ma­tion sociale à tra­vers l’opéra, la musique et la danse. La pro­chaine confé­rence a lieu à Tal­linn autour du thème : Making Sense(s): Well­being through the arts. Décou­vrez le pro­gramme ici

A la redécouverte d’Eugène Ysaÿe (par Marie Cornaz)

Vous avez ado­ré la confé­rence de Marie Cor­naz sur Irma Sèthe ? Vous pou­vez pro­lon­ger le plai­sir en ache­tant son livre sur Eugène Ysaye. Un code pro­mo vous est offert à l’oc­ca­sion, jus­qu’au 5 octobre pro­chain. N’at­ten­dez plus !

Cette bio­gra­phie offre à redé­cou­vrir Eugène Ysaÿe (1858 – 1931), une per­son­na­li­té emblé­ma­tique de la vie musi­cale belge et inter­na­tio­nale dès les années 1880 et durant cinq décen­nies. En s’appuyant sur un grand nombre de sources (manus­crits, lettres, presse), dont cer­taines inédites, elle retrace le par­cours d’un artiste aux mul­tiples facettes en même temps que le che­mi­ne­ment per­son­nel d’un homme qui expé­ri­mente, aime, souffre et doute. Ce vio­lo­niste vedette, chef d’orchestre et orga­ni­sa­teur de concerts côtoie les plus grands musi­ciens de son temps, tels que Bloch, Buso­ni, Casals, Cor­tot, Enes­co, Grieg, Kreis­ler, Rach­ma­ni­nov ou Rubin­stein. Il pro­page et sus­cite d’une manière unique la créa­tion, défen­dant avec convic­tion la musique de Chaus­son, Debus­sy, Fau­ré, Franck, d’Indy, Jon­gen, Lekeu, Saint-Saëns et de beau­coup d’autres, en Europe, mais aus­si en Rus­sie et aux États-Unis. Il s’impose éga­le­ment en tant que com­po­si­teur, s’adonnant à l’écriture musi­cale dès ses débuts et jusqu’à son der­nier souffle, et comme péda­gogue, en aidant une mul­ti­tude de jeunes vio­lo­nistes à s’épanouir dans leur car­rière d’interprète ou d’enseignant. La pré­sente publi­ca­tion, qui s’adresse tant aux spé­cia­listes qu’aux mélo­manes, est struc­tu­rée chro­no­lo­gi­que­ment en cinq cha­pitres agré­men­tés d’une riche ico­no­gra­phie et com­prend deux annexes, la pre­mière détaillant les com­po­si­tions, la seconde les élèves.

Pour le com­man­der au prix pré­fé­ren­tiel de 68 eur TTC – veuillez com­plé­ter le bon de com­mande (fichier ci-des­sous) ou com­man­der via le site web et intro­duire le code YSAYE2025 au moment de pas­ser le com­mande (che­ckout) : https://www.brepols.net/products/IS-9782503574615 – 1

Bonne lec­ture !

Notre nouveau site internet est en ligne !

Nous espé­rons que ce nou­veau look vous plai­ra autant qu’à nous ! Il fau­dra encore un peu de patience : nous n’avons pas encore eu le temps d’y ajou­ter tous les évé­ne­ments de la sai­son… Et quelle sai­son ! En atten­dant, n’hésitez pas à nous contac­ter pour toute infor­ma­tion com­plé­men­taire. Nous sommes là pour vous répondre, mais sur­tout pour vous offrir des spec­tacles et des concerts en poche tou­jours plus pas­sion­nants.

À très bien­tôt,
L’équipe Arti­choke

Qui est Lucile Boulanger, invitée à notre prochain concert (en) poche ?

Ce jeu­di, plon­gez dans l’u­ni­vers fas­ci­nant de la viole de gambe avec Lucile Bou­lan­ger, une artiste cap­ti­vante, lors de notre pro­chain “Concert (en) Poche” ! Ren­dez-vous à la gale­rie La Forest Divonne, avant son démé­na­ge­ment, pour un moment musi­cal inti­miste et unique. Après le concert, par­ta­geons un verre convi­vial – l’esprit même de nos “Concerts (en) Poche”. Un évé­ne­ment à ne man­quer sous aucun pré­texte !

Une inter­view de 👉🏻 Sté­phane Renard (L’E­cho) à lire en entier ici

Redé­cou­verte en même temps que la musique ancienne, révé­lée au grand public, notam­ment par Jor­di Savall avec le film « Tous les matins du monde », en 1991, la très aris­to­cra­tique viole de gambe a trou­vé en Lucile Bou­lan­ger une ambas­sa­drice d’exception. Son récent album consa­cré à Bach et Abel lui avait valu un Dia­pa­son d’or de l’année. La jeune Fran­çaise explore cette fois le réper­toire fran­çais du XVIIe siècle, asso­cié à des pièces contem­po­raines.

Sté­phane Renard : Le titre de votre album, « La Mes­sa­gère », évoque celle de Mon­te­ver­di dans « L’Orfeo ». Vous inter­pré­tez aus­si Marin Marais, Sieur Dema­chy, Hot­man, le gra­tin fran­çais du XVIIe siècle. Peut-on évo­quer une esthé­tique com­mune ? 

Ce qui carac­té­rise la viole fran­çaise, c’est sa pudeur. Son réper­toire est rare­ment démons­tra­tif, sauf quand il com­men­ce­ra à être joli­ment conta­mi­né par la musique ita­lienne, plus extra­ver­tie. Dans l’ensemble, il s’agit cepen­dant d’une musique très sub­tile. Elle ne s’écrit pas à gros traits, mais pri­vi­lé­gie l’élégance grâce à ses orne­men­ta­tions déli­cates. Elle peut se révé­ler très vir­tuose, mais elle ne cherche pas à cap­tu­rer l’auditeur par des excès d’exubérance. Comme cette esthé­tique reste à une échelle minia­ture, très per­son­nelle, ceux qui l’écoutent doivent faire une part du che­min eux-mêmes. Cela dit, il existe des dif­fé­rences entre les com­po­si­teurs. Si Marin Marais est rela­ti­ve­ment aca­dé­mique, Sainte-Colombe se révèle beau­coup plus insai­sis­sable.

Vous avez choi­si les pièces au coup de cœur ?  

Oui, car je vou­lais réa­li­ser des allers-retours entre la musique du XVIIe siècle, qui marque l’apogée de la viole, et celle d’aujourd’hui, avec des œuvres contem­po­raines. Cer­taines me sont d’ailleurs dédiées. 

En cela, les pièces contem­po­raines sont une vraie décou­verte. Elles ne dénotent abso­lu­ment pas, au contraire…

Si on a les oreilles grandes ouvertes sur ces œuvres actuelles, on s’apercevra à quel point la musique de Sainte-Colombe prend des accents tout à fait contem­po­rains alors qu’elle a été écrite il y a plus de trois siècles. Mais il est vrai qu’il y a eu beau­coup d’allers-retours entre les com­po­si­teurs et moi pour que la par­ti­tion serve au mieux l’instrument, qui n’accepte pas tout.

Il faut savoir la cajo­ler pour obte­nir sa fameuse réso­nance ?

Oh oui ! On ne peut jamais la brus­quer, ni en tant qu’in­ter­prète ni en tant que com­po­si­teur. C’est un ins­tru­ment qui doit s’ouvrir pour être épa­noui. Quand il se cabre et que la corde en boyau ne vibre plus, il est comme un che­val qui se rebiffe. Il n’y aura plus rien de pos­sible. 

BBC Maga­zine a dit de vous que vous étiez la Jac­que­line du Pré de la viole de gambe…

…et cela me fait sou­rire, car l’on parle d’une autre époque et de deux ins­tru­ments que l’on ne peut com­pa­rer. Mais j’avoue que c’est très flat­teur, car Jac­que­line du Pré était une musi­cienne incroya­ble­ment puis­sante, très sin­cère. Et tou­jours libre dans ses choix ! 

Ecou­ter l’au­to­por­trait réa­li­sé par Nico­las Blan­mont ici

Ecou­tez l’in­ter­view don­née sur France Musique ici :

Aty­piques et nomades, les concerts (en) poche font réson­ner des lieux excep­tion­nels avec des artistes tout aus­si excep­tion­nels. Un moment convi­vial et inti­miste pour le public. Verre offert et prix libre.

Sou­te­nu par la Lote­rie Natio­nale en par­te­na­riat avec Outhere Music

Que nous réserve la saison 25/26 ?

Une tour­née en van vin­tage, quelques spec­tacles à revoir par ci-par là, une créa­tion avec la Cha­pelle Musi­cale, une créa­tion avec l’Or­chestre Phil­har­mo­nique de Liège et les Jeu­nesses musi­cales, une pre­mière date en France, et une date excep­tion­nelle de Flûte…

Waw, la sai­son s’an­nonce pas­sion­nante !

Cher public,

Vous l’at­ten­diez, la voi­ci, la nou­velle sai­son 2025/2026 est en ligne.

2025/26, ce sera quoi ?  

  • Une tour­née de Pierre et le Loup (sur la route) à Bruxelles et en Wal­lo­nie
  • Une créa­tion ori­gi­nale lors d’un labo­ra­toire “Jeune public” à la Cha­pelle Musi­cale
  • Une créa­tion pour l’or­chestre phil­har­mo­nique de Liège autour de Car­men
  • Des dates de dif­fu­sion pour Contes de papier et Flûte !
  • Des Concerts (en) poche pop up et joyeux !
  • Une pre­mière date en France, avec notre petit Mau­rice, pia­no & marion­nette
  • Un pro­jet de tour­née dans les écoles avec OPEN UP !  

Eveiller la curio­si­té du plus grand nombre pour la musique clas­sique : voi­là ce qui nous ins­pire au quo­ti­dien. Si vous aus­si, vous aimez prendre le temps de rêver, rejoi­gnez-nous !

 

Et en atten­dant la ren­trée, on lève le pied cet été… Bonne vacances 🌞

 

Sophie van der Ste­gen, direc­trice artis­tique

Journal de bord

On a glis­sé un jour­nal de bord dans notre van pour docu­men­ter la tour­née de Pierre et le loup (sur la route). Pre­mière repré­sen­ta­tion à l’é­cole des Oiseaux Bleus, par Sophie van der Ste­gen.

Oh qu’il est beau votre camion, madame. Il date de quand ? Moi aus­si, je rêve d’en ache­ter, pour trans­por­ter les enfants. C’est moi qui gère la flotte des mini­bus PMR. L’homme débarque une petite fille, elle sou­rit dans son fau­teuil. Elle est curieuse. Je les suis vers l’entrée de l’école. Les enfants se pressent. Vous êtes qui ? Je m’appelle Sophie, je viens pour Pierre et le Loup. Vous auriez un cha­riot ?

Nous avons deux heures pour ins­tal­ler et répé­ter. Timing ser­ré. L’ascenseur monte. Dans la salle tout en haut, le pla­teau est réduit. Nous avions pré­vu de jouer dans la cour de récréa­tion, mais il pleut des cordes. C’est sou­vent le cas en Bel­gique. On se conten­te­ra du plan B. Vous avez remar­qué que le plan B devient sou­vent le plan A dans la vie ? D’ailleurs c’est ce que disait Bowie : Life is what hap­pens when you’re busy making other plans.

Hélène arrive, essouf­flée. Je suis en retard, déso­lée ! mais je suis là pour vous aider. Elle s’empare des lou­piottes et les ins­talle Ça fera guin­guette.

Il y a du café et une vraie loge. Mais on doit com­men­cer. Ça fait long­temps qu’on n’a pas répé­té. La musique est belle. Sur­tout le moment du canard. Quand le canard sort dans les grands prés verts et qu’on sent que c’est une jour­née chaude d’été, où même les muscles se détendent. Le contraire d’aujourd’hui, quoi. 10h30, les portes de l’ascenseur s’ouvrent : c’est le public. Vite ! Cou­rons dans les cou­lisses. Je remets la scé­no­gra­phie en place. 10h45, Hélène nous intro­duit, je nous intro­duis, puis Mathilde alias Lily entre en scène, et le spec­tacle com­mence. À cet ins­tant, mon rôle est fini. Je ne peux que consta­ter. Et fil­mer, pour amé­lio­rer, la pro­chaine fois. Je me dis que c’est bizarre com­ment les spec­tacles naissent et pour­quoi ai-je vou­lu racon­ter cette his­toire-ci ? J’ai bien ma petite idée, mais c’est trop long à expli­quer ici. Voi­là, 11h35, on conclut par une séance ques­tions-réponses. Pour­quoi on doit écou­ter Pierre et le Loup ? demande un enfant. Bonne ques­tion, je me la posais à l’instant. Une autre fille se bidonne. Pour­quoi la danse des canards ? Je l’ai décou­verte quand j’avais trois ans ! Les enfants nous apportent des bou­quets. Ils sont irré­sis­tibles.

Cette école me fait pen­ser à une serre de plantes tro­pi­cales, où chaque enfant béné­fi­cie de soins sur mesure, comme des fleurs exo­tiques et fra­giles. Cer­tains sont assis dans des machines com­pli­quées avec des bou­tons qui cli­gnotent par­tout comme des mini navettes spa­tiales. L’une d’elles se met à biper pen­dant le spec­tacle, comme si elle signa­lait les émo­tions de son pas­sa­ger cos­mo­naute. J’ai gran­di dans une famille où les enfants pous­saient comme des mau­vaises herbes. Ces enfants-ci sont une bonne leçon.

L’école porte un nom qui évoque Mae­ter­linck : Les Oiseaux bleus.

Savez-vous que le père de Nata­lia Satz a com­po­sé un opé­ra sur cette pièce, dis-je à Hélène. Nata­lia Satz était la direc­trice du tout pre­mier opé­ra pour enfants à Mos­cou. C’est elle qui com­man­di­ta Pierre et le Loup à Ser­gueï Pro­ko­fiev, il y a près de cent ans, j’ajoute. Dans un bud­get ultra limi­té. La force des femmes, me dis-je en regar­dant les édu­ca­trices entou­rant les enfants. Le soin est fémi­nin. Nata­lia Satz esti­mait que Pierre et le Loup devait réson­ner aux oreilles des enfants du monde entier. Je suis d’accord. Tous les enfants sont les mêmes, ils rient aux mêmes blagues et ont peur du même loup. Dans les cou­lisses, on se rha­bille, on fait un sel­fie. On démonte, retour au cha­riot et retour au rez-de-chaus­sée. Recher­cher le van. Faire la manœuvre. Ça fait du bien ce genre de date. Un peu de paillettes dans ce monde moche, nous écrit Géral­dine en nous envoyant le sel­fie sur le What­sApp du groupe. Dans la pièce de Mae­ter­linck, L’Oiseau bleu sym­bo­lise le bon­heur. Deux enfants partent à sa recherche, pour se rendre compte à la fin du périple que l’oiseau se trou­vait tout ce temps chez eux, dans une cage. C’est sou­vent comme ça la vie : on cherche le bon­heur par­tout et en fait il est déjà là, mais on ne l’avait pas recon­nu. (sophie van der ste­gen, mai 2025)

“Sans le public, l’oeuvre est incomplète”

Inter­view de Sophie van der Ste­gen, dra­ma­turge et met­teuse en scène de la Cie Arti­choke

Dans vos créa­tions, vous insis­tez sur l’importance du public comme acteur du spec­tacle vivant. Pour­quoi est-ce si essen­tiel pour vous ?

Sophie van der Ste­gen : La magie du spec­tacle vivant réside dans cette inter­ac­tion. Toute oeuvre d’art existe grâce au des­ti­na­taire (que ce soit un film ou un livre), certes, mais il me semble qu’un spec­tacle ne prend réel­le­ment vie que lorsqu’il est par­ta­gé avec un public. J’i­rais même plus loin : sans le public, l’œuvre est esthé­ti­que­ment incom­plète. Le public ne se contente pas de rece­voir : il par­ti­cipe, il influence, il co-crée par ses réac­tions, son éner­gie, son enga­ge­ment dans le spec­tacle.

Vous par­lez d’un rôle par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant du jeune public. En quoi leur pré­sence change-t-elle la dyna­mique d’un spec­tacle ?

Sophie van der Ste­gen : Le jeune public a cette spon­ta­néi­té, cette capa­ci­té à réagir sans filtre, qui en fait un véri­table par­te­naire du spec­tacle. Contrai­re­ment aux adultes, sou­vent plus réser­vés, les enfants s’impliquent natu­rel­le­ment. Ils rient, inter­pellent, com­mentent… Ils com­plètent l’œuvre en y appor­tant leur éner­gie et leur ima­gi­naire. Dans un spec­tacle par­ti­ci­pa­tif, leur enga­ge­ment est encore plus mar­qué : ils ne sont pas seule­ment spec­ta­teurs, ils deviennent acteurs de l’histoire, par­fois même sans s’en rendre compte. On les encou­rage à prendre cette place d’ac­teurs dans l’oeuvre.

Cette inter­ac­tion avec le public implique une grande part d’imprévisible. Com­ment les artistes se pré­parent-ils à cela ?

Sophie van der Ste­gen : C’est pré­ci­sé­ment ce qui fait la richesse du spec­tacle vivant. Chaque repré­sen­ta­tion est unique, non seule­ment parce que les inter­prètes varient dans leur jeu, mais aus­si parce que le public change à chaque fois. Il peut être plus réac­tif, plus réser­vé, plus bruyant… Que l’on soit avant le repas, ou après le goû­ter (le sucre!) ou après la sieste, etc, ça change l’at­mo­sphère, immé­dia­te­ment. J’ai consta­té que les repré­sen­ta­tions en mati­née sont tou­jours plus recueillies que celles en après-midi, par exemple. Tout cela modi­fie la manière dont le spec­tacle est per­çu et vécu. L’artiste doit donc apprendre à com­po­ser avec cette part d’inconnu, à être à l’écoute du public, à ajus­ter son jeu en fonc­tion de l’énergie de la salle. C’est une pré­pa­ra­tion qui demande une grande sou­plesse et une réelle accep­ta­tion du lâcher-prise.

Vous évo­quez aus­si la réti­cence de cer­tains musi­ciens à lais­ser une place active au public. Pour­quoi, selon vous ?

Sophie van der Ste­gen : Beau­coup d’artistes, notam­ment dans le domaine de la musique clas­sique, sont habi­tués à une pos­ture où le public écoute en silence, sans inter­ac­tion directe. L’idée que les spec­ta­teurs puissent être une com­po­sante active de l’œuvre peut sem­bler désta­bi­li­sante. Pour­tant, même dans un concert de musique “adulte”, l’échange est là : le public vibre, il envoie une éner­gie qui modi­fie l’atmosphère, la per­cep­tion du moment. Accep­ter cette dimen­sion inter­ac­tive, c’est enri­chir l’expérience artis­tique et redon­ner au spec­tacle vivant toute sa puis­sance.

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